VERS UN YOGA PERSONNALISÉ

Sortez dans la rue et observez les corps qui vous croisent et vous constaterez qu’ils ne sont pas identiques. Si vous aviez la possibilité de voir comme les appareils de radiographie, vous noteriez encore plus de différences d’un individu à l’autre.

Par exemple, si on englobe toute l’humanité, l’angle du col du fémur ou cervico-diaphysaire peut varier d’un individu à l’autre de 110° à 150°. Personne n’a les mêmes dents, ni la même structure osseuse. Vous n’avez pas la même colonne vertébrale que votre voisin ou votre collègue. Les hanches d’une femme et d’un homme ne sont également les mêmes. La liste est très longue qui marquent les différences entre deux personnes. C’est la réalité !

Alors pourquoi pensez-vous que vous devriez faire exactement comme votre voisin ? En fait, il y a des choses ou plus spécifiquement des postures de yoga que vous pourrez faire tout de suite, d’autres que vous serez capable de faire avec la régularité dans la pratique et d’autres que vous ne pourrez jamais faire. Pourquoi ? Votre morphotype va déjà être déterminant. Par exemple, le morphotype d’un boxeur ne sera pas le même que celui d’un danseur. L’un pourra faire des choses que l’autre ne pourra pas faire et vice-versa. Transposé dans le yoga, des morphotypes pourront faire Padmasana et d’autres ne le pourront jamais malgré des années de pratique assidue. Le problème n’est pas d’être capable de faire ou non cette posture mais d’aller au delà de son morphotype, de se blesser et d’abandonner le yoga; car le yoga est bien plus que la capacité ou non de faire une posture.

Les facteurs psychologiques peuvent également être un frein dans la réalisation d’une asana. Prenons Sirsasana par exemple. Vous verrez que certain.e.s de vos élèves ont toutes les capacités physiques pour réaliser cette posture de yoga mais que l’idée de se retrouver sur la tête à l’envers peut générer un puissant blocage psychologique. Là encore, c’est une réalité qui marque notre unicité.

L’étude de l’anatomie nous permet de prendre conscience que nous sommes tous différent.e.s ! De la même façon qu’il n’existe pas un seul type d’habitat, il n’existe pas deux corps qui soit complètement identique. Seuls des jumeaux ou des jumelles pourraient s’approcher de la similitude et encore, des différences existent. Par conséquent, puisque nous sommes uniques, il est important, dans le domaine de la pratique et de l’enseignement du yoga, d’adapter les postures à notre corps. C’est la raison d’être des variantes posturales et des accessoires qui viennent affiner la posture à notre corps. 

Dans cette pluralité, vous avez vos propres limites anatomiques  qui vont même vous empêcher de pouvoir faire toutes les postures de yoga au risque de vous blesser gravement. Ainsi, nous le comprenons, il n’existe pas de posture de yoga que tout le monde peut faire. 

Cette unicité est bien résumée dans les propos de Roger Williams, le scientifique qui a découvert la vitamine B5, lorsqu’il parle d’individualité biochimique. (Biochemical Individuality, New York, Mcgraw-Hill Professional, 1998)

Malheureusement, cette diversité humaine est souvent ignorée dans l’enseignement du yoga qui est devenu très stéréotypé et mécanique. Au contraire, l’enseignement du yoga devrait être très personnalisé et s’adapter en fonction de cette diversité de corps ou de cette individualité biochimique. Dans cette dynamique, la responsabilité incombe à l’enseignant.e et non à l’élève. Toutefois, avec l’évolution du yoga et son explosion dans les dernières décennies, il est maintenant monnaie courante de devoir enseigner devant un groupe parfois très hétégorène de niveau, de corps, de vie… Ce fait n’était pas la règle au commencement, où le yoga se pratiquait en catimini, de maître à élève. Face à cette situation que doit faire l’enseignant.e pour arriver à personnaliser son enseignement du yoga ? 

Il n’y a pas de règle dans ce domaine mais retenez le principe suivant qui vous permettra de répondre le plus près possible à cette réalité d’individualité biochimique : Un.e enseignant.e de yoga devrait enseigner pour la moyenne du groupe en donnant des variations pour adresser tous les corps.

Pour atteindre cet objectif, vous allez devoir être flexible, vous adaptez constamment et surtout observer durant tout votre cours comment les corps réagissent à vos instructions. Notez au passage, un autre principe fondamental qui vous apportera, si vous l’appliquez, une grande maturité dans l’art d’esenginer efficacement le yoga : On enseigne ce que l’on observe. 

Lorsque vous enseigner le yoga, observez vos élèves, écouter comment ils respirent, comment ils suivent vos instructions ou comment ils les intègrent dans leur posture et apportez des variantes si nécessaire pour mieux les guider vers leur individualité biochimique. Toutefois, rappelez-vous qu’en dernier recours, vos élèves seront toujours les mieux placés pour ajuster leur corps car ils y habitent. Vous ne pourrez jamais ressentir leur inconfort, leur douleur ou leur blocage psychologique par exemple. Soyez très prudent.e lorsque vous décidez de faire des ajustements physiques sur un corps, surtout si vous ne le connaissez pas. Posez-vous la question : Pourquoi je souhaite ajuster cet.te éléve ? Rappelez-vous qu’il n’existe pas de posture parfaite ou stéréotypée. Demandez toujours l’autorisation avant à votre élève. Les ajustements physiques sont un art qui nécessite beaucoup d’expérience et de maturité avant de les poser dans le cadre d’un cours de groupe.

En conclusion, si vous enseignez le yoga, fixez-vous l’objectif d’aider vos élèves à englober le yoga bien au delà d’une posture ou de leur tapis de yoga. Guidez-les pour que le yoga deviennent pour eux un véritable mode de vie, capable de les accompagner durant toutes les étapes de leur vie !